La force évocatrice de la Petite Histoire dans la Grande (uchronique ce coup-ci). Et comme depuis le temps, Ed Burns a acquis un vrai savoir-faire, d’autant qu’il retrouve son complice David Simon, on est directement immergé dans la série. Reconstitution aux petits oignons, attachement direct à certains personnage, l’heure passe hyper-vite, tout en permettant à la série de nous parler de racisme décomplexé, de la société de consommation comme idée du bonheur (avoir une maison, gagner de l’argent), mais aussi de communautarisme forcé ou volontaire, ou du patriarcat (ce père qui décide systématiquement seul de sa carrière et donc du destin de sa famille), avec ce miroir déformant des œuvres qui parlent de nous en évoquant le passé.

Comme d'hab, Simon nous balade dans des petites tranches de vie instantanément touchantes et réalistes, mais cette fois c'est d'autant plus déconcertant qu'on peut pas vraiment encore distinguer qu'est-ce qui relève de l'Histoire ou de l'uchronie. C'est donc un parti-pris très courageux et intéressant, cela dit je suis curieux de voir quel va être le point de basculement qui va permettre l'élection de Lindbergh 

C'est difficile de noter un seul épisode sans sa voir où la série va, comme toujours avec David Simon. D'un côté c'est hyper bien fait, vraiment bien écrit, courageux politiquement, et instructif - après renseignement le disours de Lindberg à la radio sont authentiques. On sait que l'histoire est écrite par les vainquers et que l'antisémitisme était partout en occident, y compris dans le "camp du bien", mais c'est vraiment utile de la rappeler. Surtout aujourd'hui, alors que l'Amérique traverse de nouveau une tentation isolationniste et fachiste.

Après, le rythme est lent. Les personnages ont du potentiel mais pour le moment je ne suis pas hyper attachée à eux. Mais c'est normal, Simon prend toujours son temps.

C'est propre, le contexte est parfaitement instauré, c'est crédible. David Simon et Ed Burns, en même temps... Sinon, la série peut être assez difficile à cerner si on ne connait pas Charles Lindbergh, mais d'un autre côté, les enjeux sont assez clairs. Six épisodes d'une heure me paraissent légitimes, je suis curieuse de voir la suite des évènements.